Élu en février dernier, Bola Ahmed Tinubu a prêté serment ce 29 mai en tant que nouveau président du Nigeria. À cette occasion, il a renouvelé ses promesses de campagne, axées sur un redressement de l’économie du pays.
Il fait la une du Guardian Nigeria, poing gauche levé en signe de victoire enfin acquise. Trois mois après les élections générales du 25 février, Bola Ahmed Tinubu a officiellement succédé ce 29 mai à Muhammadu Buhari. Celui qu’on surnomme le “parrain de Lagos”, en raison de son long mandat de gouverneur de la capitale économique nigériane, est donc officiellement devenu à 71 ans président du Nigeria.
Bola Ahmed Tinubu commence le “ménage”, titre le Guardian Nigeria, qui fait ainsi allusion à sa prestation de serment, axée sur les grands chantiers économiques qui attendent le nouveau président du pays le plus peuplé d’Afrique.
Le chef de l’État a réitéré sa promesse de campagne de mettre fin aux subventions des carburants tout en doublant l’approvisionnement en électricité du pays. Cette politique pèse en effet lourdement sur les finances du pays. L’année dernière, rappelle la BBC Afrique, “elle a englouti 4,3 trillions de nairas [8,7 milliards d’euros]”.
Un discours qui a eu des effets immédiats puisque, note le Guardian Nigeria, “à Lagos, le message de suppression des subventions a touché une corde sensible chez les commerçants, car la plupart des stations-service ont cessé de distribuer [de l’essence]”.
Nettoyer en profondeur l’économie
Bola Ahmed Tinubu a également réaffirmé la nécessité d’un “nettoyage en profondeur” de la politique monétaire du pays. L’autre point saillant de la prestation de serment présidentielle a été la reformulation de sa promesse de refonte de la monnaie nigériane, le naira. Cette politique, décidée par l’administration de Muhammadu Buhari, a été menée au pas de course et au détriment de larges secteurs de l’économie et des particuliers.
Selon le nouveau président, cité par Ripples Nigeria, “la politique doit être revue. En attendant, mon administration traitera les deux monnaies [l’ancien et le nouveau naira] comme ayant cours légal”, a ainsi précisé Bola Ahmed Tinubu, qui, en janvier dernier, avait critiqué le remplacement, jugé mal préparé, de certains billets de la monnaie nigériane.
La presse nigériane commente largement la prestation de serment du nouveau président, avec un apparent satisfecit sur ses prises de position économiques. “Il ne fait aucun doute que nous avons besoin d’une renaissance économique dans ce pays, compte tenu de la situation actuelle. Pour la première fois, nous sommes pratiquement en faillite – empruntant plus que nous ne générons de revenus – et notre devise est presque au niveau de base. La somme totale de tous nos problèmes a une solution économique et le président élu doit être à la hauteur et relever le défi”, analyse ainsi l’éditorial du Guardian Nigeria.
Et effectivement, souligne la BBC Afrique, tous les indicateurs économiques du pays sont au rouge : l’inflation a atteint le taux record de 22 %, 96 millions de personnes vivent au-dessous du seuil de pauvreté de 1,90 dollar par jour, et le produit intérieur brut par habitant était de 2 065 dollars en 2021.
Les défis sont donc immenses pour un président au socle électoral restreint, comme le rappelle la BBC Afrique, qui souligne que “seuls 37 % des électeurs ont soutenu M. Tinubu, ce qui fait de lui le président nigérian élu avec le moins de voix depuis 1999”. Un “grand sens de l’équilibre” sera donc requis “lorsqu’il s’agira de choisir son gouvernement pour jeter des ponts au-delà de ces clivages”, conclut le site britannique.